Le risque dans l'Histoire
Entretien avec François Walter, professeur d'Histoire à l'Université de Genève
Gestion des déchets
Risques naturels et technologiques
Risques psychosociaux
En ce début d'année 2009, les professionnels de la santé au travail attendent une réforme qui tarde à venir, une négociation est en cours entre les partenaires sociaux et le gouvernement est en vigie. À défaut de prédiction, la revue propose dans son dossier des enjeux et des perspectives possibles.
Deux personnalités sont à l'honneur dans ce numéro : Georges-Yves Kervern et François Walter. Le premier a quitté ce monde en décembre 2008 et Michel Turpin rend le juste hommage au fondateur de la cyndinique, en lui disant : "Adieu camarade". Le second est moins connu de nos lecteurs, c'est un historien suisse, auteur d'un livre fondamental sur la catastrophe que nous avons présenté dans le n°100. Le grand entretien lui est consacré.
Pharmacien toxicologue, Paul Houeto nous propose d'intégrer la gestion des déchets dans une démarche d'envirovigilance. Son texte important commence dans ce numéro et se termine dans le n°104.
Les universitaires et chercheurs sont des contributeurs réguliers de la revue et c'est le cas pour ce numéro avec une étude qui insiste sur l'importance d'une démarche qui unifie risques naturels et technologiques, et une seconde qui montre l'émergence d'une "sociologie du risque".
Robert Andurand, pilier de Préventique Sécurité depuis plusieurs années, nous invite à nous plonger dans une "saga" qui débuta en 1945 et dont les répercutions sont perceptibles jusqu'à nos jours : la participation de savants allemands à l'industrie nucléaire soviétique, "L'atome rouge", qui se poursuivra jusqu'au n°110.
La santé au travail se retrouve dans la rubrique "Performances" pour le sujet des risques psychosociaux, avec une contribution au débat ouvert par l'Ordre des médecins dans le n°99 et la présentation d'une démarche modèle. Et la fiche-conseil du médecin du travail nous détaille un phénomène qui concerne 8 à 9 % des hommes européens : le daltonisme.
Renouveau de la légitimité étatique
Nous venons de connaître deux événements jugés exceptionnels ; le premier est d’ordre financier avec comme résultat une crise économique dite sans précédent; le second relève des phénomènes naturels avec une tempête qui a causé des dommages considérables à nos concitoyens du sud de la France. Ces deux événements n’ont sans aucun doute pas de lien entre eux, mais les réactions qui les ont accompagnés méritent une certaine attention. Nous avons pu constater une activité débordante de l‘État, à son plus haut niveau de responsabilité. Bien que la légitimité d’une réponse étatique à une tempête soit incontestée, elle est loin d’être acquise…
Dans le numéro 102, nous avons publié une synthèse de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction et fait suivre celle-ci de quelques observations. Nous avons placé ces deux textes sous les titres suivants qui traduisent notre insatisfaction. :
• « Que d’hypothèses ! Que d’incertitudes ! »
• « Les experts ont raisonné sur des hypothèses »
L’association des riverains victimes, « Plus Jamais ça, ni ici ni ailleurs », nous adresse un long courrier critique et nous demande de publier son point de vue, ce que nous faisons. Nos lecteurs y apprendront aussi que l’association ne se satisfait pas de l’absence de Total SA au procès. On sait en effet que le juge d’instruction ne l’a pas renvoyé devant le tribunal mais seulement sa filiale Grande Paroisse et le directeur de l’usine. C’est pourquoi une citation directe a été délivrée à l’encontre de Total SA et de son président Thierry Desmarest, par un certain nombre de victimes soutenues par l’« Association des sinistrés du 21 septembre », moyennant une consignation de 750 euros par personne. Le tribunal correctionnel de Toulouse a renvoyé sa décision à l’audience du 25 février 2009.
Cet entretien avec François Walter, professeur d'histoire moderne et contemporaine à l'université de Genève, a pour but de rappeler ou de signifier l’importance qu’il convient d’accorder à la durée dans l’analyse des risques. Il est soustendu par deux idées principales :
• le passé est souvent une explication du présent ;
• le présent n’est qu’un passage du passé vers le futur.
Afin d’en rendre compte, nous avons choisi l’expertise d’un historien, auteur d’un livre fondamental sur le sujet de la catastrophe : Catastrophes - Une histoire culturelle, XVIe-XXie siècle (Seuil, 2008).
La médecine du travail, désormais qualifiée de « santé au travail », a 62 ans en ce début d'année 2009. Cependant, les pouvoirs publics, les partenaires sociaux, les enseignants de médecine du travail, les médecins du travail eux-mêmes considèrent que son dispositif juridique ne favorise pas les meilleures pratiques, eu égard aux enjeux actuels. Une réforme substantielle devrait intervenir dans les mois qui viennent, ce qui nous a conduit à revenir sur la question en constituant un dossier.
À la suite d’études portant sur les fondamentaux de l’organisation et des missions des services de santé au travail, on trouvera quelques données juridiques en rapport avec leurs responsabilités civile et pénale et des propositions des partenaires sociaux.
Pour terminer, nous invitons les lecteurs curieux de connaître leurs connaissances à répondre à un questionnaire.
Signalons que la réforme a finalement été votée en 2011 et marquée par la loi n°2011-867 du 20 juillet 2011. Elle a fait l'objet de plusieurs articles dans les numéros 119 et 121, ainsi que d'un livre dans la collection Les Cahiers de Préventique, Les services de santé au travail face à l'avenir à paraître en mars 2012.
La société de consommation est caractérisée par l’importance des déchets qu’elle produit et par la difficulté qu’elle rencontre dans leur traitement. Les enjeux sont considérables à tous égards, sociaux, économiques, juridiques, technologiques, environnementaux, sanitaires. Pharmacien toxicologue, Paul Houeto, propose d’intégrer la gestion des déchets dans une démarche d’envirovigilance.
Dans une première partie, il présente les données du risque et les pratiques actuelles.
Il montre ce que peuvent être les méthodes de l’envirovigilance dans une seconde partie, publiée dans le numéro 105.
L'ensemble est disponible en un seul article : Gestion des déchets et management environnemental - L'apport de l'envirovigilance (série complète)
Après des catastrophes, le regard sur les causes, sur les démarches et sur les pratiques est souvent modifié. Si, pendant longtemps, on a pu considérer que risques naturels et technologiques pouvaient faire l’objet de traitements distincts, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. En France, notamment du fait du traumatisme social de l’explosion de Toulouse, le législateur a souhaité unifier les pratiques relatives aux risques technologiques et naturels. En Algérie, la fréquence des séismes a également permis très tôt aux populations et aux professionnels du risque de comprendre que ce n’est pas seulement l’aléa géophysique qui doit être étudié mais également les constructions humaines.
L’article que nous publions émane de deux universitaires et chercheurs algériens. Leur conclusion est ferme : les démarches ne seront efficaces que si elles sont unifiées. Pour cela, ils en appellent à une gestion multisectorielle du risque, c’est-à-dire à un management global.
La notion de risque tend à qualifier désormais tout ce qui est vu comme un inconvénient, une difficulté et, plus encore, un dommage. Cette évolution traduit une évolution culturelle de nos contemporains qui est étudiée comme telle par les sociologues. Le nombre croissant des ouvrages de sociologie sur le risque permet à Émile Christopher Rebeiz d’y voir l’émergence d’une nouvelle discipline, la sociologie du risque. Il en présente ici les caractéristiques principales.
Robert Andurand a déjà abordé dans Préventique Sécurité plusieurs sujets inhabituels concernant le nucléaire :
• l’accident de criticité de Tokaï Mura au Japon (n° 50 à 52) ;
• le réacteur naturel fossile d’Oklo au Gabon (n° 53) ;
• un mémoire sur le savant Yvette Cauchois (n° 54) ;
• le devenir des déchets de radium (n° 57, 59 et 60) ;
• le très grave accident d’irradiation survenu à Goïana au Brésil en 1987 (n° 75) ;
• les accidents d’hexafluorure d’uranium dans le monde (n° 77 à 79).
Au moment où la Corée-du-Nord vient de faire éclater son premier explosif nucléaire et où l’Iran montre sa volonté d’aller de l’avant dans le domaine du nucléaire, Robert Andurand aborde ici, fort de ses 40 ans d’expérience dans l’enrichissement de l’uranium, le rôle primordial joué par les savants allemands entre 1945 et 1961 dans l’acquisition par les Russes des armes nucléaires et leur prolifération.
La série se continue dans les numéros 104, 105, 106, 107, 109 et 110.
L'ensemble est disponible en un seul article : L'aide à l'Urss des savants allemands entre 1945 et 1961 (série complète)
Phénomènes naturels, risques technologiques et industriels… L'Europe est-elle bien préparée ? La population est-elle bien informée ? Ce sont ces questions que les organisateurs de la seconde édition du Forum européen d’information sur les risques, éducation, sensibilisation (Irisés) ont mis en discussion, les 10 et 11 décembre derniers à Dunkerque.
Tribunal de grande instance d’Albertville, 24 novembre 2008
On se souvient sûrement de cette petite fille de 8 ans qui trouva la mort dans des conditions très douloureuses, après avoir été happée par la mécanique d’un tapis roulant des neiges. Les pouvoirs publics avaient immédiatement réagi en saisissant le Bureau d’étude des accidents de transport terrestres (BEA-TT) qui venait d’être créé. En parallèle à son enquête technique, le procureur de la République avait ouvert une information judiciaire. Nous notons que les enquêteurs techniques et judiciaires ont eu une coopération exemplaire qui a permis d’identifier les causes techniques, humaines et organisationnelles du drame. Le rapport technique auquel le tribunal fait de larges emprunts a apporté une aide précieuse au juge d’instruction et a facilité la mise en cause l’exploitant et de deux de ses agents, ainsi que le distributeur et le concepteur fabriquant de l’équipement.
Nous choisissons de publier d’importants extrait de ce rapport technique ainsi que du jugement du tribunal correctionnel, afin de permettre à nos lecteurs de disposer d’un dossier assez complet et cohérent ayant valeur de retour d’expérience. Nous le faisons suivre de nos observations.
6 autres ouvrages sont indiqués, sans commentaires.
Dans le numéro 102 de Préventique Sécurité, nous avons publié les recommandations du Conseil national de l’Ordre des médecins sur les dispositifs de prise en charge des risques psychosociaux. Dans ce texte, le Conseil exprime les plus extrêmes réserves sur les modalités de la mise en œuvre des dispositifs. Il insiste notamment sur la dimension médicale de cette prise en charge et sur le rôle pivot qui doit être réservé au médecin et plus précisément au médecin du travail.
Fort de sa pratique, l’un de nos fidèles lecteurs, Jacques Rondeleux, directeur général de l’Institut d’accompagnement psychologique et de ressources (IAPR), qui n’est pas médecin, oppose à cette interprétation une critique rigoureuse et argumentée.
Le Centre de gestion des Alpes-Maritimes (CDG 06) développe, depuis plusieurs années, une politique de prévention en santé-sécurité au travail qui a valeur de modèle dans la fonction publique territoriale. Ainsi, dans le domaine de la santé mentale, il a créé un service d’accompagnement psychologique et psychosocial. Sa responsable, Pascale Verrien, qui est psychologue clinicienne, présente les enjeux de la question, sa complexité et la réponse que peut apporter le psychologue.
Son article mérite d’être rapproché de celui de Jacques Rondeleux qui revient sur les recommandations de l’Ordre des médecins sur les dispositifs de prise en charge des risques psychosociaux, dans ce même numéro de la revue.
Quatre points importants sont abordés dans cette chronique :
• les nouvelles obligations relatives à l’information des travailleurs en matière de santé-sécurité au travail ;
• les conséquences de l’exercice injustifié du droit de retrait ;
• les responsabilités pénales à retenir en cas d’accident du travail survenu sur un chantier ;
• l’indemnisation du préjudice moral des descendants de la victime d’un accident du travail mortel.
Sait-on que plus de 2 millions d’individus mâles d'origine européenne sont atteints de daltonisme ? Cette déficience de la vision des couleurs est donc un sujet important pour l’emploi comme pour la santé-sécurité au travail. La fiche que propose le docteur Phan Chan The doit aider les professionnels de la santé au travail et les gestionnaires des ressources humaines à mieux apprécier le phénomène.